Le patron des Enfants cachés 

Moïse sauvé des eaux

Moise

"Moïse" , patchwork de Ida Opal, 2014, 2.20 x 1.55m. Musée Juif de Belgique

 

 

Bref historique

De l’histoire de L’Enfant Caché asbl se dégage une originalité remarquable : l’association est dès le départ apolitique et a-religieuse. Son critère est d’accepter comme membre toute personne qui, enfant, a été caché pendant la Seconde Guerre mondiale et ce, quelle que soit son opinion. La règle fondamentale, qui s’est imposée, lui a conféré le privilège d’être un centre d’union. Située au-dessus des conflits de partis et en-dehors des querelles théologiques ou philosophiques, elle a pu être la maison de tous. C’est sans doute pourquoi elle a pu être, au sommet de son développement, l’association la plus nombreuse de la communauté juive de ce pays. Une grande famille recomposée comme substitut aux innombrables familles nombreuses détruites durant la folie meurtrière de l’empire nazi.

Or, en dehors du déporté rescapé et du résistant, l’enfant caché longtemps n’a pas eu de statut.

La première prise de conscience de sa spécificité est due au film Comme si c’était hier (1980) de Myriam Abramowicz et d'Esther Hoffenberg, qui interrogent les membres du CDJ (le Comité de Défense des Juifs, dont Maurice Heiber et Yvonne Jospa) et la directrice de l’ONE (l'Oeuvre Nationale de l'Enfance), Yvonne Nevejean, qui ont sauvé plusieurs milliers enfants.

La dame qui a caché la mère de Myriam estimait qu’il fallait un jour réunir tous ces enfants. Et cela a donné lieu au premier rassemblement des Enfants Cachés à New York en 1991 avec 1.600 participants, en présence d’Elie Wiesel.

S’y est rendue une délégation belge informelle dont Yvonne Jospa, la grande résistante, Andrée Geulen, Juste parmi les nations, Tamara Danblon, et un groupe de 50 anciens enfants cachés qui se réunissaient déjà depuis 1986 comme une amicale (avec David Inowlocki, Jacques Funkleder…) Ce fut une immense émotion. Pour la première fois les enfants sont sortis de leur silence, de leur cache : ils ont pu parler et ont été encouragés à témoigner, à publier. À leur retour, ils ont créé aussi en Belgique, ainsi qu’en France et en Hollande, L’Enfant caché, comme association de fait, puis comme asbl apolitique (1992), avec publication des Statuts dans le Moniteur belge et élection de Sophie Rechtman comme présidente.

Une 2e Conférence internationale de l’Enfant caché se tient ensuite à Jérusalem, où un livre est commandé à Viviane Teitelbaum, Les larmes sous le masque. Puis, organisée par L’Enfant caché belge, une grande Conférence internationale a eu lieu dans l’auditoire Paul-Emile Janson à l’Université Libre de Bruxelles, avec des ateliers, coordonnés par le charismatique Siegi Hirsch, en 1995.

En 1996, la Poste accepte la proposition d’imprimer un timbre à la mémoire d’Yvonne Nevejean.

Puis, l’association met sur pied une exposition itinérante « L’enfant caché », gérée par Jacques Funkleder.

Elle crée un Bulletin en 1998, EC Infos, - sous l’impulsion de David Inwolocki et Anna Stelkowicz, - qui tient au courant les membres de l'association, notamment, des avancées dans les combats pour la reconnaissance officielle du Statut de l’enfant caché, et l’obtention des droits qui en découlent (pension, soins, transport en commun,…) Denis Baumerder, qui reprend le flambeau de rédacteur en chef, poursuit, parmi les rubriques importantes, celle qui rend hommage aux sauveurs honorés du titre de Justes parmi les Nations.

Depuis, des membres ont continuellement témoigné  dans les écoles, comme Simonne Inowlocki en français et Régina Sluszny en néerlandais, recueillant d’innombrables lettres d’élèves touchés par leurs récits.

 

Lors de la première conférence mondiale, les résidents avaient illuminé l’hôtel Marquis Mariott 4 étoiles de 1.600 anciennes étoiles cachées au fond de leur cœur. A time Square. Le lieu où le destin avait sonné l’heure. Il était temps de vivre.

Ad. Ny.

 

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COMME SI C’ÉTAIT HIER, Myriam Abramowicz et Esther Hoffenberg, 1980.

Documentaire fondateur de l'Enfant Caché.

A l’occasion de la restauration du film par Esther Hoffenberg, IMAJ organise une séance zoom le 27 janvier 2021.

ECInfos ayant reçu le témoignage de Myriam Abramowicz, co-autrice du film, dont la contribution a été reproduite dans le livre L’Enfant sauvé, nous sommes heureux de présenter le point de vue d’Esther Hoffenberg.

Genèse du film

Entretien avec Louis Héliot, responsable « Cinéma au Centre Wallonie Bruxelles à Paris

1/ Comment est née l'idée de ce premier film documentaire ?

Quand j’ai rencontré Myriam Abramowicz à Bruxelles, elle menait des entretiens en vue d’un livre sur les gens qui avaient sauvé des juifs en Belgique, comme ses parents. Myriam m’a proposé de rencontrer avec elle le père Capart, qui avait accueilli 58 enfants juifs dans le réseau de la JOC (Jeunesse Ouvrière Chrétienne). L’engagement et la modestie du père Capart m’ont marquée, et rappelé que mon père, Sam Hoffenberg, avait lui aussi été caché par une Résistante polonaise, Frania Sadowska, après la liquidation du ghetto de Varsovie. Ce qui n’était qu’un épisode dans la survie de mon père a soudain pris une importance considérable.

En tant que française marquée par « Le chagrin et la pitié », il m’a semblé très important de raconter l’histoire de la Résistance belge que je découvrais en 1978, et j’ai proposé à Myriam de l’aider. Sa grande amie Renée Miesse, nous a lancé, comme un défi : « pourquoi ne feriez-vous pas un film ensemble ? ». Myriam avait travaillé dans l’édition à New York, elle était douée pour la photographie, j’étais passionnée d’histoire et j’aimais écrire. Nous étions complémentaires. À Bruxelles, mes meilleurs amis étaient les cinéastes Samy Szlyngerbaum et Boris Lehman, deux talents singuliers à qui je dois mon initiation au cinéma et bien davantage.

2/ comment s'est déroulé le tournage ?

Sans la moindre expérience, nous n’avions aucune chance d’obtenir un financement préalable. Nous avons donc « engagé » une équipe qui a accepté de nous faire crédit en attendant les futurs subsides. Nous ne doutions pas que la qualité des rushes allait convaincre les décideurs. Innocence des commencements, nous avions foi dans notre histoire. Je me suis inscrite comme productrice indépendante au Registre du commerce de Bruxelles, c’était facile sur le papier, mon père a accepté de financer l’achat de la pellicule Kodak 16mm, noir et blanc, et le tournage a pu commencer.

Plusieurs amis, Renée et Yvonne Miesse, David et Simone Susskind et Charles Knoblauch nous ont également soutenues sans relâche. Était-ce notre façon de faire, hors normes, la force d’un sujet encore jamais abordé ? Notre enthousiasme était communicatif, et l’ambiance joyeuse. Jean-Noël Gobron à la caméra, Richard Verthet au son, et Dominique Loreau, élève d’Henri Colpi à l’Insas en montage, était scripte sur le tournage, les discussions étaient animées. Une grande difficulté était de mener à la fois le tournage et la recherche de financement.

La rencontre avec Maurice et Esta Heiber a été décisive pour orienter le film autour du sauvetage des enfants juifs dont ils ont été des acteurs essentiels. La limite de 15 heures de rushes nous dictait une grande rigueur dans la préparation des tournages. 

Il importait que nos choix permettent de faire restituer l’Histoire dans toute sa complexité par les témoins eux-mêmes, avec un minimum de commentaire. Pari tenu.

3/ Votre film évite tout pathos, qui aurait nuit au propos. Cela tient certainement au montage de Dominique Loreau et à l'œil avisé de Henri Colpi ?

Le film a été construit pas à pas avec Dominique Loreau, au cours des six mois de montage éprouvants, jusqu’à ce qu’il trouve sa forme et sa musicalité. Les personnes qui ont organisé le sauvetage et les enfants sauvés apportent chacun une voix, un visage, une note sensible. Ensemble, avec toutes les nuances de leur vécu, ils tissent la trame du film, en incarnant les notions de Résistance, de survie et de traumatisme.

L’apport d’Henri Colpi a d’abord été son écoute, sa confiance, son immense sensibilité pour un sujet qui le touchait personnellement. (Je n’ai vu que bien plus tard son magnifique film « Une aussi longue absence » palme d’or à Cannes 1961). Colpi est venu deux fois au montage, il nous a aidées à trouver la place du témoignage des « enfants ».

La musique, composée et chantée par Neige, que Myriam avait repérée dans la rue, est portée par sa sensibilité à l’arrachement des enfants à leurs parents. Nous l’avons enregistrée en cours de montage, et elle participe pleinement au registre sensible du film. (Neige apparaît dans le chef-d’œuvre de Pialat, « Loulou », sorti également en 1980).

4/ Quel a été l'impact du film en 1980 ? A-t-il été fondateur dans votre parcours de productrice de documentaire de création ?

L’émotion a été très forte à l’avant-première à Bruxelles, en présence d’un grand nombre d’anciens enfants cachés, de Résistants de tous bords, sans oublier Marceline Loridan, venue exprès de Paris. Nous avons été invitées à présenter le film au Roi Baudouin et la reine Fabiola au château de Laeken, une séance inoubliable dédiée à la Reine Élisabeth, dont l’engagement est évoqué dans le film.

Mais l’onde de choc publique a été la diffusion du film par la RTBF (il n’en reste hélas aucune trace) dans l’émission « l’écran-témoin », le 1er décembre 1980. Le standard était dépassé par le nombre d’appels téléphoniques : d’anciens enfants cachés cherchaient à retrouver leurs familles d’accueil, qui elles-mêmes cherchaient à revoir leurs protégés.

Nous avions organisé une projection à Cannes, qui nous a valu d’être invitées dans plusieurs festivals américains, et j’ai séjourné à New York pour chercher un distributeur avec Myriam. La sortie en salles, notamment au Carnegie Hall Cinéma, a été très émouvante, car chaque projection suscitait des témoignages spontanés d’anciens enfants cachés qui n’avaient encore jamais raconté leur histoire, ayant entamé une « nouvelle vie » aux USA. C’est ainsi que ce film a inspiré la création d’associations et des réunions d’enfants cachés à travers le monde, auxquelles Myriam participe activement depuis.

Revenue vivre à Paris en 1982, j’ai sorti « Comme si c’était hier » en salles en 1984, avant de développer mon activité de productrice, puis de revenir à la réalisation. Mon expérience aux USA m’avait fait prendre conscience de l’importance de la diffusion des films, et avec le Grand Rabbin Sirat et Jean-Marc Abramowitch, nous avons créé l’association IMAJ (Institut de la Mémoire Audiovisuelle Juive), outil culturel que Béatrice Godlewicz a formidablement développé à Bruxelles.

Mais « Comme si c’était hier » est une expérience fondatrice. Tous les films que j’ai produits - et ensuite réalisés – interrogent le lien entre l’Histoire et la conscience individuelle, et des amitiés nées à l’époque durent toujours… Parallèlement au tournage, j’ai enregistré ma mère, prise d’une urgence soudaine à me révéler son propre vécu de la guerre. Le témoignage de ma mère a été le point de départ et la matière de mon premier film en solo : « Les deux vies d’Eva ».

Mon lien avec la Belgique a rebondi dans les années 90, grâce à la coproduction de documentaires avec Jean-Pierre et Luc Dardenne, et Hugues Le Paige (RTBF). 

5/ Le film vient d'être restauré. Il sera bientôt disponible en DVD grâce à Doriane Films. Le "devoir de mémoire" demeure-t-il encore plus essentiel 75 ans après la fin de la seconde guerre mondiale ?

Ce qui me motive aujourd’hui, c’est moins le devoir de mémoire que la nécessité de revisiter notre passé. De se souvenir que la barbarie peut prendre des visages très différents, et que la seule réponse, pour garder son humanité, reste la solidarité et la désobéissance. L’héroïsme est davantage valorisé dans son aspect de lutte armée, alors que bien des actions vitales et risquées sont non-violentes. On m’a demandé si nous avions délibérément choisi une majorité de personnages féminins. Peut-être fallait-il simplement reconnaître que les femmes ont joué un rôle essentiel, souvent invisible, contre l’occupant nazi.

J’ai fait restaurer « Comme si c’était hier » à Bruxelles par Boxon et Manneken Pix, avec le concours de la Cinémathèque Royale de Belgique, portée par l’enthousiasme de Cécile Farkas, de Doriane Films, qui prépare une belle édition DVD avec le film sur mon père « Récits de Sam » en bonus.

Présenté à Cologne dans la programmation « Gerettet- auf Zeit » (Sauvés à temps), « Comme si c’était hier » a été reçu par 200 lycéens comme une leçon de Résistance valable aujourd’hui.

 

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 Buts de l’Association  (cf. Le Moniteur, 25 mars1993)

 

« Permettre aux enfants juifs cachés pendant la Seconde guerre mondiale, de se réunir et de s’exprimer. Est considéré comme enfant caché : toute personne juive âgée de moins de 18 ans en 1942 et ayant dû se dissimuler, d’une façon quelconque, afin d’échapper à l’extermination des nazis.

Reconstituer leur vécu et en transmettre la mémoire.

Exprimer leur reconnaissance à leurs concitoyens non-juifs qui, au péril de leur vie et de leur liberté, ont sauvé des enfants juifs et veiller à leur promotion comme « Justes parmi les Nations » par l’Institut commémoratif des Martyrs et Héros Yad Vashem à Jérusalem.

Lutter contre l’antisémitisme, toute forme de racisme et de xénophobie.

Faciliter les échanges d’informations entre ses membres et organiser des ateliers de rencontre et de réflexion *, des conférences publiques (dans les établissements scolaires, etc.)

Lutter contre la négation de la Shoa, recueillir et publier des témoignages.

Organiser des activités culturelles.

Accomplir tous actes se rapportant directement ou indirectement à son objet et notamment s’associer à toute organisation belge ou de toute autre nationalité, ayant des objectifs similaires »

* Un groupe de parole est animé, notamment depuis 2018 par le Prof. Dr Isy PELC

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Définition de l’Enfant caché

« Les enfants cachés sont des enfants juifs qui vivaient en territoire occupé durant la Seconde Guerre mondiale et qui ont été soustraits aux plans d'extermination mis en place par les nazis en étant dissimulés dans des familles ou des organismes d'accueil.

« En Belgique, la notion d’enfant caché, attestée dans le film Comme si c’était hier en 1980, devient manifeste en 1992 lors de la première rencontre internationale des enfants cachés à New York. Au retour, des participants à cette réunion, créent une asbl à Bruxelles: L'enfant caché. Après des années de combat, un but est atteint : l’arrêté royal du 19 avril 1999 reconnaît officiellement à l’enfant caché le statut moral de victime de guerre. Celui-ci est applicable à tout enfant âgé de moins de 21 ans au 10 mai 1940, ou né après à cette date, qui, afin d’échapper aux effets des mesures anti-juives édictées par l'occupant, a été contraint de vivre après le 1er juillet 1942 dans la clandestinité. En 2003, la loi va plus loin en lui accordant le statut plein et entier de victime de guerre leur permettant d'être indemnisés »[1].

[1] Paul Aron, José Gotovitch, Dictionnaire de la Seconde Guerre mondiale en Belgique, éditions André Versaille, Bruxelles, 2008, p.163 et sq.

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Sophie Rechtman, fondatrice de L’Enfant Caché
Sophie Rechtman  -  Fondatrice de L’Enfant Caché

Davide Inowlocki

David Inowlocki, co-fondateur

Jacques Funkleder

Jacques Funkleder, compagnon de tous les combats

L'Enfant Caché, des réalisations remarquables

Dorien Styven

En mai 1991, la première rencontre internationale d'enfants juifs cachés a eu lieu à New York. L’événement a suscité un profond émoi, notamment parmi les participants belges. Il était clair à leurs yeux qu'il fût nécessaire de créer une association pour les enfants cachés en Belgique. Un groupe restreint s'est réuni pour la première fois le 6 octobre 1991, et une assemblée générale a suivi le 24 novembre 1991. Sous la direction de la première présidente, Sophie Rechtman, L'Enfant Caché est fondée par les présents de la première heure : David et Jacqueline Inowlocki, Simone Frydman-Inowlocki, Anna Stelkowicz, Joseph Nowak, Hélène et Denis Baumerder, Gaby Grau-Szyper, Jacques Funkleder, Josef et Bracha Rothschild, Liliane Oberman, Robert Fuks, Nini Weinstein et Myriam Wolkowicz. Les statuts de l'organisation sont publiés au Moniteur belge le 25 mars 1993.

 

La visibilité de L'Enfant Caché s'accroît rapidement, tout comme le nombre de ses membres. De 460 en mai 1994 à 1.260 à la fin de 1999 et même 1.350 en 2007. Chaque anniversaire de l'organisation est célébré dans la joie avec fierté. Le dixième anniversaire en 2001 avec un dîner dansant en présence du ministre de la Défense, le quinzième en 2007 avec une session académique à l'Hôtel de Ville de Bruxelles, le vingtième en 2011 avec un dîner célébrant le 90e anniversaire d'Andrée Geulen, et le vingt-cinquième en 2016 avec une session académique, incluant un hommage aux anciens présidents décédés, Sophie Rechtman et Jerry Rubin. Les membres de L'Enfant Caché assistent avec enthousiasme à ces célébrations. De nombreuses personnalités, telles que des maires et des ministres, sont invités à se joindre aux réjouissances.

 

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Au fil des années, L'Enfant Caché a su attirer l'attention de la presse sur ses activités. Au début de 1992, la création de l'organisation a reçu un écho favorable à la radio et à la télévision, et des documentaires sur l'organisation ou des histoires d'enfants cachés ont été diffusés à plusieurs reprises sur les stations de diffusion belges. L'intérêt a culminé en 1999, lorsque David Inowlocki a retrouvé la trace d'Yvonne Sytner, une ancienne enfant cachée de Belgique qui vivait aux Etats-Unis depuis 50 ans. Les recherches d'Inowlocki donnent lieu à une émission spéciale de la série Signe de Vie, dans laquelle sont mis en évidence les raisons de L'Enfant Caché, dont la mission d'honorer les Justes. Dans les années qui suivent, les membres de L'Enfant Caché apparaissent régulièrement dans la presse belge et étrangère.

 

Coopération et représentation

Depuis sa création, L'Enfant Caché est solidement ancré dans un réseau national et international. La branche belge participe à plusieurs reprises à la conférence internationale pour les enfants cachés organisée à partir de New York : à Jérusalem en 1993 et à Montréal en 1994. Des contacts sont également pris avec des organisations sœurs dans le monde entier : France, Pays-Bas et Pologne en 1991, Luxembourg et Etats-Unis en 1992... Un temps fort pour L'Enfant Caché est l'organisation de la première Rencontre Européenne des Enfants Cachés à l'Université Libre de Bruxelles en 1995, en collaboration avec De Ondergedoken Kinderen des Pays-Bas et Les Enfants Cachés de France. 850 participants du monde entier viennent dans la capitale belge. La réunion se focalise sur la question d’honorer les sauveurs et sur le problème des traumatismes des enfants cachés. En 2007, L'Enfant Caché a participé à la Conférence Internationale des Enfants juifs cachés en Belgique à Jérusalem, organisée par le professeur Shaul Harel, lui-même ancien enfant caché en Belgique. A cette occasion, Andrée Geulen est honorée du titre de Citoyenne d'Honneur de l'Etat d'Israël.

 

En Belgique, L'Enfant Caché développe la coopération et la représentation avec le Centre Communautaire Laïc Juif (CCLJ), le Comité de Coordination des Organisations juives de Belgique (CCOJB), la Centrale d'Anvers, l’Union des Déportés Juifs en Belgique-Filles et Fils de la Déportation (UDJB), le Service Social Juif, la Fondation Auschwitz, la Fondation de la Mémoire Contemporaine et l’Amicale des Anciens de Jamoigne. L'Enfant Caché a également été impliqué dès le début dans la création du Musée Juif de la Déportation et de la Résistance, aujourd'hui Kazerne Dossin, à Malines. La présidente Sophie Rechtman a assisté à la réunion inaugurale de cette institution en 1992. Le 20 septembre de la même année, L'Enfant Caché participe à la pose de la première pierre du musée et dépose des fleurs pour la première fois au cours du pèlerinage annuel qui y a lieu. Le lien entre L'Enfant Caché et le Musée Juif de la Déportation et de la Résistance/Kazerne Dossin se poursuit encore aujourd'hui. En 2017, L'Enfant Caché a fait don de la totalité de ses archives à Kazerne Dossin et de nombreux anciens membres du conseil d'administration et d'autres membres ont confié leurs archives privées au musée. Leur témoignage est ainsi préservé et le transfert de leur histoire aux générations futures est garanti.

 

En plus de participer au pèlerinage à la caserne Dossin, L'Enfant Caché est en général présent aux autres commémorations. A partir de 1993, il y a une représentation à la cérémonie pour célébrer l’action héroïque menée contre le transport XX à Boortmeerbeek ; à partir de 1994, à la commémoration organisée au Mémorial aux Martyrs juifs à Anderlecht. Dans les années 2000, L'Enfant Caché participe activement à l'obtention de la restauration de ce monument, qui s'achèvera en 2013. La cérémonie annuelle de la libération d'Auschwitz-Birkenau le 27 janvier et la commémoration du soulèvement du ghetto de Varsovie le 19 avril sont également au programme.

Lutte contre le racisme et l'antisémitisme

Depuis sa création, L'Enfant Caché contribue à conscientiser les gens sur le nazisme, l'Holocauste et l'enfant caché, et apporte sa pierre dans la lutte contre le racisme, la xénophobie et l'antisémitisme. En 1993, Maurice Konopnicki a ainsi développé des expositions itinérantes sur Anne Frank et l'antisémitisme. Les écoles et les centres culturels ont été contactés en vue d’accueillir l'exposition et pour inviter un membre du personnel de L'Enfant Caché en tant que témoin. En 1997, les petites expositions se sont transformées en une seule grande exposition, avec des panneaux sur La Traque - La Résistance - Les Justes - Les Sauvés. Le projet réalisé suscité un énorme succès. Les témoins de L'Enfant Caché parcourent le pays pour raconter leur histoire. Pour la seule année 1999, Simone Frydman-Inowlocki rencontrera environ 2.000 élèves qui visiteront également l'exposition.

De plus, L'Enfant Caché stimule aussi la diffusion des connaissances de ce qui s’est passé par la publication de livres. Il sollicite Viviane Teitelbaum qui recueillera les témoignages de nombreux membres dans Les larmes sous le masque paru en 1994. L'Enfant Caché assure la promotion du livre en organisant des conférences et des présentations de l’ouvrage. Au début de l'année 2000, les anciens de Jamoigne assistent à une représentation de La patrouille des enfants juifs. Jamoigne, 1943-1945 par Dominiquee Zachary. Et de nombreux étudiants recourent, pour leur Mémoire, à L'Enfant Caché, auprès de qui ils font appel à des témoins susceptibles de répondre à leurs questionnaires d’investigation.

Et, L'Enfant Caché a même développé des activités socio-culturelles. Depuis le début de 1992, l'association organise des conférences sur des thèmes d'actualité et des voyages d'études dans des villes d’Europe et d’Israël. Des projets artistiques sont réalisés, comme l'exposition Regards d'Artistes Enfants Cachés à Saint-Gilles fin 1996, et l'exposition Regards croisés d'Artistes Enfants cachés et d’enfants d'enfants cachés à Bruxelles en 2003, ou soutenus, comme la pièce Survivre ou la mémoire blanche d'Adolphe Nysenholc au Théâtre-Poème en 1994-1995. De plus, L'Enfant Caché encourage des productions cinématographiques. Le 6 mai 2003, les réalisateurs Frédéric Dumont et Bernard Balteau d’Un Simple Maillon présenteront la vie des membres du Comité de Défense des Juifs. En 2007, Balteau soumet une nouvelle proposition de projet à L'Enfant Caché : le documentaire Les Enfants sans Ombre. Le film sortira en 2009, produit par les frères Dardenne.

L'Enfant Caché n’en demeure pas moins en phase avec l‘actualité. Les années 1990 et 2000 ont été marquées par des génocides et des meurtres de masse dans le monde entier. L'Enfant Caché exprime son soutien aux populations persécutées et participe, entre autres, à une action de Médecins sans Frontières en faveur des enfants au Soudan, à une Journée de solidarité pour les réfugiés du Kosovo et à une manifestation à Bruxelles du Comité national d'action pour la paix et le développement. En outre, un soutien financier est apporté aux enfants victimes de la catastrophe nucléaire de Tchernobyl et du génocide rwandais.

Défense des droits de l'enfant caché

Sous l'impulsion de la présidente Sophie Rechtman, L'Enfant Caché joue un rôle actif dans la défense des droits des enfants cachés. Les membres sont aidés, dans leur demande d'indemnisation en vertu de la Wiedergutmachung allemande ou dans la présentation de demandes à la Claims Conference. L'Enfant Caché utilise les contacts internationaux pour fournir aux ayants droit les meilleures informations possibles, et les membres peuvent s'adresser au bureau administratif pour obtenir des conseils sur les procédures à suivre ainsi qu'un soutien administratif.

Le 11 juin 1998, L'Enfant Caché dénonce le décret Suykerbuyk. Ce texte de loi a été voté la veille par le Parlement flamand. En 1997, le parlementaire Herman Suykerbuyk a présenté une proposition sur l'octroi d'une aide financière aux victimes nécessiteuses de la guerre, de la répression et de l'épuration de l'après-guerre. L'Enfant Caché se plaint que les personnes qui ont combattu pour et contre la Belgique ont été traitées de la même manière. Lorsque le CCOJB interjette appel devant la Cour d'arbitrage, L'Enfant Caché se joint à la procédure. Le décret est annulé par la Cour d'arbitrage, une victoire pour L'Enfant Caché et les membres qui ont signé la pétition contre le décret.

En 1998 de même, l'octroi d'un statut moral légal aux enfants cachés a été inscrit à l'ordre du jour politique belge. La loi Flahaut a finalement été publiée au Moniteur belge le 26 février 1999. Non seulement les enfants cachés sont désormais reconnus comme victimes de la guerre, mais leurs sauveteurs peuvent également acquérir le statut de défenseurs civils. Depuis 2000, L'Enfant Caché s'efforce d'introduire les mêmes droits pour les enfants cachés que pour les autres victimes de guerre reconnues. Une fois de plus, une victoire est obtenue. Le 13 mars 2002, la Cour a adopté une loi prorogeant le statut de l'enfant caché, à compter à partir du 1er janvier 2003, en donnant droit à une rente pour 4 semestres de clandestinité et le remboursement du ticket modérateur. La demande du statut moral est assouplie avec la loi du 11 avril 2003. Il y aura un taux d'intérêt viager personnel égal à une rente de réfractaire de 4 semestres pour ceux dont les parents ont été déportés, ou ceux qui ont été persécutés et ont dû se cacher.

A la fin des années 1990, il y a en outre eu un débat sur l'indemnisation des biens juifs spoliés. Le 10 décembre 1998, la Cour a adopté un projet de loi sur la création de la Commission de dédommagement des membres de la Communauté juive de Belgique (Commission Buysse). Ce dernier est chargé d'enquêter sur la spoliation de biens juifs. L'Enfant Caché participe au combat. Le nombre de titulaires de droits encore en vie fait l'objet d'une enquête auprès des membres. Le 24 janvier 2002, la procédure d'indemnisation pour spoliation a été publiée au Moniteur belge. Un nouveau comité sera nommé pour évaluer les demandes. L'Enfant Caché s'engage à traiter rapidement les cas et à indemniser équitablement toutes les victimes juives. Il a finalement été décidé que le montant restant après indemnisation serait confié à la Fondation du Judaïsme de Belgique en vue de projets culturels, religieux et sociaux au sein de la communauté juive. L'intervention de L'Enfant Caché a conduit au projet Solidarité 3000 en 2005. Toute personne juive ayant vécu en Belgique pendant la guerre peut demander une allocation pour la spoliation, indépendamment de la nationalité ou de la résidence actuelle du demandeur.

Honorer les sauveteurs

Des milliers d'hommes et de femmes juifs et non-juifs ont travaillé pendant la Seconde Guerre mondiale pour protéger les enfants juifs de Belgique contre la déportation. Depuis la création de L'Enfant Caché, l'organisation a consacré beaucoup d'attention à honorer ces sauveteurs. Dès 1991, lors de leurs réunions, les membres du Comité d’administration s'indignent que "Nombreux sont ceux qui n'ont pas encore reçu leur reconnaissance". Ils décident immédiatement d’épauler les demandes soumises par leurs membres et d'envoyer une représentation à toute remise de médailles à des Justes belges. Bien que la procédure de reconnaissance soit difficile, avec le dépôt d’un dossier auprès de l'ambassade d'Israël, L'Enfant Caché a réussi à augmenter de manière significative le nombre de reconnaissances. Les administrateurs de L'Enfant Caché conseillent les membres dans la récolte des documents servant à identifier les personnes qui ont offert l’hébergement clandestin, en vue de l’attribution du titre honorifique par le Yad Vashem. La statistique des Justes nommés en Belgique montre la forte augmentation du nombre de reconnaissances après la création de L'Enfant Caché en 1991 :

Nombre de reconnaissance des justes
Lorsque le magazine EC Infos, bulletin de liaison des membres, a été créé en 1998, les Justes y ont immédiatement pris une place prépondérante. Cette publication paraît tous les 3 mois et contient un compte rendu d'une Cérémonie de Juste et/ou une biographie d'un Juste belge. EC Infos est immédiatement très populaire. En mars 1999, à peine un an après sa création, il y avait des abonnés en France, en Grande-Bretagne, aux Pays-Bas, en Belgique et aux Etats-Unis. David Inowlocki et Anna Stelkowicz en sont les animateurs-rédacteurs depuis le début. Ils rassemblent des articles sur des thèmes généraux : un mot du président, des récits sur les activités de l'organisation, des biographies de sauveurs, des rapports de réunions, des comptes rendus de commémorations auxquelles ils ont assisté, des recensions de nouvelles publications, etc.

Une rubrique très importante qui offre de nouvelles perspectives aux anciens enfants cachés est celle qui lance des appels de recherche en dernière page, soit pour trouver leurs sauveteurs ou leurs compagnons du temps de guerre,

soit pour les sauveteurs en quête des enfants qu’ils ont recueillis. Des chercheurs y ont recours pour pouvoir rencontrer des témoins-ressources. Jacques Funkleder y apporte tout son dévouement en menant des recherches indépendantes dans les archives du Musée juif de la Déportation et de la Résistance/Kazerne Dossin, les Archives du Service des victimes de guerre et Cegesoma, entre autres. De nombreux enfants cachés obtiennent ainsi des réponses à leurs questions les plus pressantes ou même retrouvent leur sauveur, après quoi ils peuvent lui rendre hommage.

Même des sauveteurs déjà reconnus continuent régulièrement à être honorés. Yvonne Jospa, membre fondateur de la section des enfants du Comité de défense des juifs, a reçu la visite annuelle de L'Enfant Caché le jour de son anniversaire. Chaque fois, un cadeau fut offert. De plus en plus souvent, cependant, le personnel de L'Enfant Caché doit représenter l'organisation aux funérailles des sauveteurs, comme pour Fela Herman (Marie Solidarité) en 1999 et pour Madeleine Sorel en 1998. A la mort d'Yvonne Jospa le 20 janvier 2000, L'Enfant Caché plante des arbres en son nom dans la Forêt de l'Enfant Juif en Israël. Une commémoration en sa mémoire sera organisée le 29 février 2000. Quelques années plus tôt, en 1996, L'Enfant Caché honorait Yvonne Nevejean, - présidente de l'Œuvre Nationale de l'Enfance, décédée en 1987 et qui a sauvé des centaines d'enfants, - avec un timbre qui a été très bien reçu dans les milieux juifs et gentils.

Les anciens résistants juifs et les adultes qui se cachaient ne sont pas non plus oubliés. En 1997, L'Enfant Caché a repris le flambeau de l'UDJB pour l'organisation de rencontres dans des maisons de retraite comme L'Heureux Séjour. Ces réunions, intitulées Honneur aux anciens, se tiendront au moins jusqu'à la fin de l'année 2005. En outre, des initiatives seront mises en place par L’Enfant Caché pour organiser lui-même ses propres commémorations et ériger des monuments, tant pour les sauveurs individuels que pour des villages entiers. A Cul-des-Sart, une plaque commémorative a ainsi été dévoilée en l'honneur de la directrice Hélène van Hal et des habitants du village qui ont sauvé 60 enfants juifs, tandis qu'en juillet 2000, Cornemont a été honoré pour les opérations de sauvetage organisées par les habitants. En 2012, suivra le dévoilement d'un monument pour les enfants cachés dans le Château du Faing à Jamoigne, un projet réalisé par David Inowlocki ; en octobre 2013 pour l'abbé André à Namur ; en novembre 2010 pour Max-Albert Van den Berg à Liège. Le 8 mai 2007, une plaque en l'honneur de tous les Justes belges sera dévoilée au Mont des Arts à Bruxelles en présence de L’Enfant caché.

Un havre de paix

Au fil des ans, L'Enfant Caché s'est fixé et a atteint de nombreux objectifs : obtenir un statut et une indemnisation pour les enfants cachés, égaliser les droits de toutes les victimes de la guerre, honorer les sauveteurs, soutenir les membres, sauvegarder la mémoire par les témoignages... Cependant, la réalisation la plus importante de L'Enfant Caché est d’avoir ouvert le débat sur les traumatismes et le passé de guerre des enfants cachés. D'un point de vue psychologique, l'organisation est un phare pour de nombreuses victimes de l'Holocauste qui, jusqu'aux années 1990, n'étaient pas reconnues et demeuraient cachées en silence. Grâce à des initiatives comme celle de prendre son bâton de pèlerin pour aller témoigner, mais aussi celle du « Café Klatsch », où les membres se réunissent entre eux pour parler de manière informelle et savourer café et gâteau, le problème de la cache est ouvert à la discussion publique, sinon à l’échange dans la bonne humeur. Depuis 1991, L'Enfant Caché aide ses membres à surmonter certains des traumatismes des années de guerre et à donner une nouvelle forme à leur héritage.

De plus, L'Enfant Caché cherche activement à rapprocher les survivants et la deuxième génération - leurs enfants, souvent aussi leurs petits-enfants. Des ateliers sont organisés pour combler les lacunes que l'histoire a créées. Le 14 septembre 1997, par exemple, L'Enfant Caché a organisé un séminaire à l'Université Libre de Bruxelles sur les relations entre la première et la deuxième génération. Les participants ont acquis de nouvelles connaissances sur l'héritage qu'ils ont légué à leurs descendants. Par conséquent, depuis la fin des années 1990, de nombreux membres de L'Enfant Caché ont reconnu l'importance de sauvegarder leur histoire et leur patrimoine moral. Leur histoire continuera d'être racontée, même dans un avenir lointain.

Dorien Styven[2]

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[2] Wetenschappelijk Medewerkster, collaborateur scientifique, Kazerne Dossin : mémorial, musée et centre de documentation sur l’Holocauste et les Droits de l’Homme.


Les Présidents

Sophie Rechtman 1991-2002 et 2003-2006

Charles Racimora

David  Rossler - 2006-2008

Sophie Rechtman 1991-2002/2003-2006  Charles Racimora 2002-2003        David Rossler 2006-2008

Jerry Rubin 2009-2012

  Régine Sluszny 2012-2015

Marka Syfer  2016-2017

  Jerry Rubin 2009-2012              Régine Sluszny 2012-2015           Marka Sypher 2016-2017

Marcel Frydman

Adolphe  Nysenholc  2019-

    Marcel Frydman 2018-2019             Adolphe Nysenholc 2019-

 

Conseil d'Administration 2020 :

Régina Sluszny, vice-présidente, Denis Baumerder, rédacteur en chef des ECInfos, Francis Grunchard, trésorier, Isy Pelc, animateur du Groupe de paroles, Robert Fuks, Eugène Lipinski, Simone Inowlocki, David Inowlocki, représentant de l'EC en Israël.

Secrétaire administratif: Richard Dahan. Vérificateur aux comptes : Charles Markowicz.


Les 25 Printemps  (2016)

 

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