SAUVEURS
vers une reconnaissance
Hôtes d’enfants juifs
(enregistrés durant la Shoah dans les carnets du Comité de Défense des Juifs)
Projet
Plaques commémoratives pour sauveurs de Juifs non cités comme Justes parmi les Nations
Il s’agit principalement de femmes qui ont pris soin des enfants juifs qu’elles ont accueillis avec leur mari dans leurs maisons et de Sœurs qui les ont hébergés dans leurs couvents, et pour qui il existe une preuve de sauvetage.
Evidence
Une preuve importante du sauvetage : leurs noms se trouvent dans un carnet clandestin du Comité de Défense des Juifs, ces résistants juifs qui ont placé ces enfants dans des familles et des institutions et qui ont pris la précaution de les inscrire dans 5 carnets séparés.
En voici des extraits :

Ces carnets manuscrits ont été dactylographiés et numérisés[1] par Auguste Collet, un collaborateur de l’Abbé André (Juste parmi les Nations).
Le défaut de requête par les enfants sauvés
On le voit, il s’agit de mettre en évidence le plus largement possible le sauvetage des Juifs durant la Shoah.
Il y a certes d’abord l’attribution par le Yad Vashem du titre prestigieux de Juste parmi les Nations. Et c’est au sauvé à le demander avec un dossier de preuves pour attester le secours effectivement apporté.
Mais, il y a le cas bien plus nombreux des sauveurs restés anonymes qui n’ont pas eu la chance d’avoir été cités à l’honneur par les jeunes personnes qu’ils ont secourues.
Celles-ci ne sont pas à blâmer.
Une des bonnes raisons de ce manque est que les enfants sauvés ont gardé de bons rapports avec leurs parrains de guerre et on ne donne pas une médaille à ses parents. Ce manque était la preuve d’une relation très humaine. Pour pas mal d’entre eux, les parrains de guerre étaient leurs « parents ». Tant qu’ils étaient vivants, personnellement, je n’ai jamais pensé faire une démarche officielle en leur faveur. Ce n’est que vingt après leur mort que je me suis mobilisé pour qu’ils soient reconnus comme Justes. Une autre raison de l’absence de reconnaissance est que les survivants ont souffert du symptôme post-traumatique et que cela leur était trop pénible de remuer le passé. Et pour certains cela dépassait leur force de devoir constituer un dossier pour prouver ce qui ne nécessitait pas de preuve à leurs yeux ! [2]
1,177 personnes sans aucune reconnaissance officielle
Si en Belgique, il y a eu environ 1800 Justes nommés, il y a eu au moins 25.000 sauveurs pour les 25.000 Juifs survivants.
Or j’ai découvert le nom de 1.177 personnes qui ont recueilli des enfants juifs [3]. Il s’agit des logeurs chez qui le Comité de Défense des Juifs plaçait les enfants qui lui étaient confiés. En effet, ils sont inscrits dans un des carnets clandestins du CDJ avec le code de l’enfant qu’ils ont caché. Ils y ont été notés par le secrétariat du CDJ. C’est Madame Stella Heiber, la femme du Directeur de la section enfance du CDJ, qui gérait ces carnets. L’inscription manuscrite du nom et de l’adresse de ces sauveurs atteste l’authenticité du sauvetage. Ces carnets se trouvent aux Archives générales du Royaume de Belgique.
J’ai pensé que l’on pourrait mettre des plaques commémoratives avec leurs noms sur les lieux des caches et le titre de « logeurs d’enfants juifs ». Mais les propriétaires actuels des maisons refusent souvent, même quand ils sont philosémites.
Aussi j’ai proposé à diverses Communes de réaliser des plaques collectives, avec les noms de ces sauveurs, dans leurs Maisons communales. [4]
Une Commune, celle d’Auderghem, a apposé une plaque en l’honneur des logeurs de logeurs de 80 enfants juifs, avec discours de la bourgmestre Sophie de Vos.

Gentils qui aiment les Juifs
Si un grand nombre de Communes affichait ainsi sa sympathie pour des sauveurs de juifs, cela contribuerait à encourager au moins la majorité silencieuse indignée par l’antisémitisme à sortir de son silence et peut-être à faire réfléchir ceux qui ont la haine des juifs que d’autres qu’eux ont eu l’amour des juifs au point de les sauver au risque de leur vie.
Selon Elie Wiesel, le patron des enfants cachés est Moïse.
Et ce dernier a été sauvé par la fille du Pharaon, Batya. Elle pourrait être considérée comme la patronne des sauveurs de fils et filles d’Israël. Et cela d’autant plus que ce sont les femmes qui, encore au XXe s., s’occupaient des enfants.
A côté des Justes, je proposerais d’attribuer des Batyas.
Les premiers ont été reconnus parce que leurs sauvés en ont fait dûment la demande.
Les seconds seraient des sauveurs qui n’ont pas bénéficié d’une telle démarche, mais pour lesquels nous avons une preuve indéniable de sauvetage, comme d’avoir été inscrits par les juifs résistants du CDJ dans des documents. Cela assurait la traçabilité des enfants en vue de pouvoir les retrouver après la guerre…
Etant donné la connaissance à présent de ces personnes, il me semble de notre devoir, sinon de notre reconnaissance en vue de ces bienfaiteurs, de leur rendre justice. Et peut-être en les nommant des « batyas ».
Lutter contre l’antisémitisme
L’Etat d’Israël qui a créé ce titre a voulu témoigner la gratitude du peuple juif. Et en même temps a eu conscience qu’il est extrêmement important de mettre en lumière des personnes qui ont aimé des Juifs au point de risquer leur vie pour eux. Ce sont des modèles d’humanité. Ils rendent fiers leurs familles, leurs Communes qui peuvent mettre à l’honneur parmi leurs meilleurs citoyens.
Et mettre en valeur cet amour, car beaucoup d’enfants juifs ont été considérés comme le fils de la famille, cette fraternité des Gentils, peut contribuer à lutter contre la haine des Juifs appelée antisémitisme.
Batya, “fille de Dieu”
Le départ de la réflexion est que l’Enfant Caché en Belgique reçoit parfois du courrier de personnes qui signalent qu’un membre de leur famille a caché un Juif.
Et nous devons leur répondre que pour être reconnu c’est au sauvé à introduire le demande.
Mais souvent, ils ne connaissent pas le nom de qui a été sauvé. Aussi, quand je trouve un nom dans la liste du CDJ, je peux au moins leur dire qu’il y a une trace de l’enfant sauvé dont ils peuvent être fiers.
Le Pharaon avait ordonné que tout nouveau-né hébreu devait être tué.
Bataya, sa fille, en sauvant, un enfant, sauva le peuple d’Israël (cf Exodus)
Et chaque hôte/hôtesse en désobéissant aux décrets des nazis le fit.
Attribuer un “Batya” pourrait être une façon d’exprimer la gratitude du people juif. Et de contribuer à aimer Israël.
Adolphe Nysenholc
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Inauguration avec la Bourgmestre et le Conseil Communal
18 mars 2025, 12h
Une plaque en hommage aux Auderghemois ayant sauvé des enfants juifs pendant la Seconde Guerre mondiale
Dans le cadre du 80e anniversaire de la Libération, la Commune d’Auderghem a souhaité rendre hommage à ses citoyens qui, au péril de leur propre vie, ont caché et protégé des enfants juifs pendant la Seconde Guerre mondiale. Afin de saluer le courage de ces héros anonymes et de perpétuer le devoir de mémoire, une plaque commémorative sera inaugurée à la Maison communale.
Une reconnaissance pour des actes de bravoure
Lors des heures sombres de la persécution nazie, environ 80 enfants juifs ont trouvé refuge grâce à la bravoure de citoyens d’Auderghem. Ces hommes et ces femmes ont fait preuve d’un courage exceptionnel en offrant un abri et en préservant ces enfants du destin tragique qui les menaçait. La Commune souhaite aujourd’hui inscrire leur mémoire dans l’espace public afin que leur engagement inspire les générations futures.
Une inauguration officielle le 18 mars
L’inauguration de cette plaque commémorative se tiendra le mardi 18 mars à 12h, en présence de la Bourgmestre, Sophie de Vos, accompagnée du Collège des Bourgmestre et échevins. La plaque, apposée sur un mur de l’Administration communale, portera l’inscription suivante :
« Aux heures les plus sombres de la persécution nazie, des citoyens d’Auderghem ont eu le courage, durant la Seconde Guerre mondiale, de sauver, au risque de leur propre vie, quelque 80 enfants juifs qu’ils ont cachés pour les préserver de la déportation dans les camps de la mort et qu’ils ont aimés souvent comme leur propre enfant. Que leurs noms et lieux de secours restent gravés dans la mémoire.
À ces héros du quotidien, La Commune d’Auderghem reconnaissante. »
Un devoir de mémoire vivant
En inscrivant ce témoignage sur les murs de l’Hôtel de Ville, la Commune d’Auderghem rappelle que la mémoire est un engagement collectif. Que cet hommage serve à sensibiliser les citoyens d’aujourd’hui et de demain sur l’importance de la solidarité, du courage et du respect des valeurs humaines.
La plaque sera visible par tous à la Maison communale d’Auderghem, située rue Émile Idiers, 12.
Cet hommage est réalisé à l’initiative de l’asbl L’enfant caché

Maison Communale, entrée côté boulevard du Souverain, Auderghem